A l’heure actuelle, Gerhard Danioth se déplace beaucoup. Sa mission : découvrir et évaluer de petites centrales hydroélectriques. «Nous examinons l’état, la production, les propriétaires et les droits» explique-t-il. Gerhard Danioth a une idée bien précise de ses fonctions : en tant que directeur d’Alpiq EcoPower Suisse AG, société créée en 2006, il entend élargir le portefeuille actuel de petites centrales hydroélectriques. Cette jeune filiale du groupe a en effet pour mission d’assurer l’expansion de la petite hydraulique en Suisse. «Il y a quelques décennies à peine, nous comptions plus de 7000 petites centrales hydroélectriques dans ce pays», souligne Gerhard Danioth. Il en reste encore un millier à l’heure actuelle. Alpiq EcoPower est engagée dans un nombre croissant de centrales de ce type. Durant son premier exercice, cette société a acquis des parts dans 14 centrales hydroélectriques existantes. «Nous menons déjà 120 projets dans toute la Suisse à ce jour». Parmi ces projets, il y a la centrale Hämmerli à Lenzbourg (AG). Cette centrale a parfaitement rempli sa fonction pendant plus de 100 ans mais est maintenant sujette à des défaillances techniques. Sa production annuelle est de l’ordre de 200 000 KWh. Une nouvelle turbine et une hauteur de chute accrue devraient la porter à plus de 500 000 KWh. «Nous associons tout simplement des techniques de production d’énergie anciennes avec des technologies modernes». Soulignons que l’énergie supplémentaire produite équivaut à la consommation annuelle de 60 foyers.
«Même si les centrales n’assurent qu’une production relativement faible à titre individuel, leur nombre important représente un fort potentiel», insiste Gerhard Danioth. Les petites centrales hydroélectriques apparaissent plus performantes que les parcs éoliens et même les centrales photovoltaïques en raison de leur haut taux d’efficience. Qui plus est, «depuis que nous sommes confrontés à une crise de l’énergie, chaque petite contribution est utile». Les investissements dans ce domaine sont manifestement payants. Au titre de l’indemnité d’alimentation (KEV), les opérateurs perçoivent des subventions qui rendent l’exploitation économique. «Nous tablons aussi sur une augmentation des prix de l’électricité». Ainsi, les chiffres vont continuer d’augmenter même après l’expiration des KEV (25 ans). « Nos projections portent dans tous les cas sur une période de 40 ans ».
Il va de soi que Gerhard Danioth continuera d’évaluer de nouveaux projets en Suisse. Cependant, toutes les petites centrales hydroélectriques ne répondent pas aux normes d’Alpiq EcoPower Suisse SA. Des règles environnementales strictes dans certains cantons peuvent par exemple constituer un obstacle de taille. «L’un de nos projets dans le canton de Zurich est actuellement sur la sellette». Demandes de renaturation, d’une échelle à poissons, suppression de barrières artificielles : «Les autorités essayent d’enterrer ce petit projet sous un trop grand nombre d’exigences». C’est une double déception pour Gerhard Danioth. Il n’y voit pas uniquement des avantages écologiques. «La technologie est vraiment fascinante». Les petites centrales hydroélectriques sont un témoignage vivant de l’héritage industriel suisse. Gerhard Danioth fait beaucoup de rencontres incomparables dans le cadre dans son travail parce que de nombreuses centrales ont été exploitées par des pionniers qui ont voué toute leur vie au projet. «Non seulement les centrales mais aussi les gens qui les exploitent sont extraordinaires».